Catéchisme de Genève par Jean Calvin: Part 1 - Part 2 - Part 3
Le 18e dimanche
Que c'est que vraie foi
111 Le ministre : Puisque nous avons le fondement sur lequel la foi est appuyée, nous pourrons bien de là conclure que c'est que la vraie foi.
112 Le ministre : La pouvons-nous avoir de nous-mêmes, ou si elle vient de Dieu?
L'enfant: L'Écriture nous enseigne que c'est un don singulier du Saint-Esprit, etl'expérience aussi le montre.
Le Saint-Esprit nous illumine
113 Le ministre : Comment?
L'enfant: Pour ce que notre entendement est trop débile pour comprendre la sagesse spirituelle de Dieu, qui nous est révélée par la foi, et nos coeurs sont enclins à défiance, ou bien à fiance perverse de nous ou des créatures. Mais le Saint-Esprit nous illumine pour nous faire capables d'entendre ce qui autrement nous serait incompréhensible, et nous fortifie en certitude, scellant et imprimant les promesses de salut en nos coeurs.C'est la foi qui nous justifie
114 Le ministre : Quel bien nous procède-t-il de cette foi, quand nous l'avons?
L'enfant: Elle nous justifie devant Dieu pour nous faire obtenir vie éternelle.115 Le ministre : Comment donc? L'homme n'est-il pas justifié par bonnes oeuvres, vivant saintement et selon Dieu?
L'enfant: S'il s'en trouvait quelqu'un si parfait, on le pourrait bien nommer juste, mais en tant que nous sommes tous pauvres pécheurs, il nous faut chercher ailleurs notre dignité pour répondre au jugement de Dieu.Le 19e dimanche
Toute oeuvre humaine devant la régénération est damnable
116 Le ministre : Mais toutes nos oeuvres sont-elles réellement réprouvées, qu'elles ne nous puissent mériter grâce devant Dieu?
L'enfant: Premièrement, toutes celles que nous faisons de notre propre nature sontvicieuses, et par conséquent ne peuvent plaire à Dieu; mais il les condamne toutes.
117 Le ministre : Tu dis donc que devant que Dieu nous ait reçu en sa grâce, nous ne pouvons sinon pécher, comme un mauvais arbre ne produit que mauvais fruits (Matthieu 7:17).
L'enfant: Il est ainsi. Car encore que nos oeuvres aient belle apparence par dehors, sisont-elles mauvaises, puisque le coeur est pervers, lequel Dieu regarde.
118 Le ministre : Par cela tu conclus que nous ne pouvons prévenir Dieu par nos mérites pour l'induire à nous bien faire, mais au contraire ne faisons que l'irriter contre nous.
L'enfant: Voire. Et pourtant je dis que par sa pure miséricorde et bonté, sans aucuneconsidération de nos oeuvres, il nous a agréables en Jésus-Christ, nous imputant
la justice d'icelui et ne nous imputant point nos fautes (Tite 3:5-7).
119 Le ministre : Comment donc dis-tu que l'homme est justifié par foi?
L'enfant: Parce qu'en croyant et recevant en vraie fiance de coeur les promesses de l'Évangile, nous entrons en possession de cette justice.
120 Le ministre : Tu entends que, comme Dieu nous la présente par l'Évangile, aussi le
moyen de la recevoir c'est par foi.
L'enfant: Oui.Le 20e dimanche
Des bonnes oeuvres qui sont faites en foi
121 Le ministre : Mais puisque Dieu nous a une fois reçus, les oeuvres que nous faisons par sa grâce ne lui sont-elles pas plaisantes?
L'enfant: Oui bien, en tant qu'il les accepte libéralement, et non pas pour leur propre dignité.122 Le ministre : Comment? Ne sont-elles pas dignes d'être acceptées, puisqu'elles procèdent du Saint-Esprit?
L'enfant: Non pas, à cause qu'il y a toujours quelque infirmité de notre chair parmi,dont elles sont souillées.
Le moyen pour faire oeuvres agréables à Dieu
123 Le ministre : Quel sera donc le moyen de les rendre agréables?
L'enfant: Si elles sont faites en foi, c'est-à-dire que la personne soit assurée en saconscience que Dieu ne les examinera pas à la rigueur, mais en couvrant les imperfections et macules par la pureté de Jésus-Christ, les tiendra comme parfaites.
124 Le ministre : Par cela dirons-nous que l'homme chrétien est justifié par ses oeuvres, après que Dieu l'a appelé, ou que par icelles il mérite que Dieu l'aime pour obtenir salut?
L'enfant: Non. Mais au contraire il est dit que nul homme vivant ne sera justifiédevant sa face (Psaumes 143:2). Pourtant nous avons à prier qu'il n'entre point en jugement ni en compte avec nous.125 Le ministre : Tu n'entends pas, pourtant, que les bonnes oeuvres des fidèles soient inutiles.
L'enfant: Non. Car Dieu promet de les rémunérer amplement, tant en ce monde comme en paradis. Mais tout cela procède de ce qu'il nous aime gratuitement et ensevelit toutes nos fautes pour n'en avoir point mémoire.La vraie foi n'est jamais oisive.
Que c'est que croire en Jésus-Christ
126 Le ministre : Mais pouvons-nous croire pour être justifiés, sans faire bonnes oeuvres?
L'enfant: Il est impossible. Car croire en Jésus-Christ, c'est le recevoir tel qu'il sedonne à nous. Or il nous promet non seulement de nous délivrer de la mort et remettre en la grâce de Dieu son Père par le mérite de son innocence, mais aussi de nous régénérer par son Esprit pour nous faire vivre saintement.
Foi et pénitence
127 Le ministre : La foi donc, non seulement ne nous rend pas nonchalants à bonnes oeuvres, mais est la racine dont elles sont produites.
L'enfant: Il est ainsi, et pour cette cause la doctrine de l'Évangile est comprise en ces deux points, à savoir foi et pénitence.Le 21e dimanche
Que c'est que pénitence
128 Le ministre : Qu'est-ce que pénitence?
L'enfant: C'est une déplaisante du mal et amour du bien procédant de la crainte de Dieu, et nous induisant à mortifier notre chair pour être gouvernés et conduits par le Saint-Esprit au service de Dieu.Vrai service de Dieu
129 Le ministre : C'est le second point que nous avons touché de la vie chrétienne.
L'enfant: Voire; et avons dit que le vrai et légitime service de Dieu consiste en ce que nous obéissons à sa volonté.130 Le ministre : Pourquoi?
L'enfant: D'autant qu'il ne veut pas être servi selon notre fantaisie, mais à son plaisir.II. LA LOI
La loi
131 Le ministre : Quelle règle nous a-t-il donnée pour nous gouverner?
L'enfant: Sa loi.Deux parties de la loi
132. M : Qu'est-ce qu'elle contient?
L'enfant: Elle est divisée en deux parties, dont la première contient quatrecommandements, et l'autre six ; ainsi en tout ce sont dix.
133 Le ministre : Qui a fait cette division?
L'enfant: Dieu même, qui l'a donnée écrite à Moïse en deux Tables, et a dit qu'elle se réduisait en dix paroles (Exode 32:15 ; 34:29 ; Deutéronome 4:13 ; 10:1).Argument de la première Table
134 Le ministre : Quel est l'argument de la première Table?
L'enfant: Touchant la manière de bien honorer Dieu.Argument de la seconde Table
135 Le ministre : Et de la seconde?
L'enfant: Comment il nous faut vivre avec nôs prochains, et de ce que nous leurdevons.
Le 22e dimanche
Le premier commandement
136 Le ministre : Récite le premier commandement.
L'enfant: « Ecoute, Israël, Je suis te Seigneur ton Dieu, qui t'ai tiré hors de la terre d'Egypte, de la maison de servitude. Tu n'auras point d'autre Dieu devant moi » (Exode 20:2, 3 ; Deutéronome 5:6, 7).137 Le ministre : Expose le sens.
L'enfant: Du commencement il fait comme une préface sur toute la loi, car il s'attribue autorité de commander, se nommant l'Eternel et Créateur du monde. Après il se dit notre Dieu, pour nous rendre sa doctrine amiable; car s'il est notre Sauveur, c'est bien raison que nous lui soyons peuple obéissant.Délivrance d'Egypte
138 Le ministre : Mais ce qu'il dit après de la délivrance de la terre d'Egypte, ne s'adresse-t-il pas particulièrement au peuple d'Israël?
L'enfant: Si fait bien selon le corps. Mais il nous appartient aussi généralement à tous,en tant qu'il a délivré nos âmes de la captivité spirituelle de péché et de la
tyrannie du diable.
139 Le ministre : Pourquoi fait-il mention de cela au commencement de sa loi?
L'enfant: C'est pour nous admonester combien nous sommes tenus de suivre son bon plaisir, et quelle ingratitude ce serait de faire du contraire.Somme du premier commandement
140 Le ministre : Et qu'est-ce qu'il requiert en somme en ce premier commandement?
L'enfant: Que nous lui réservions à lui seul l'honneur qui lui appartient, sans letransporter ailleurs.
L'honneur qui est proprement dû à Dieu
141 Le ministre : Quel honneur est-ce qui lui est propre?
L'enfant: De l'adorer lui seul, l'invoquer, avoir notre fiance en lui, et telles choses semblables qui sont attribuées à sa Majesté.142 Le ministre : Pourquoi dit-il « devant ma face »?
L'enfant: D'autant qu'il voit et connaît tout et est juge des secrètes pensées des hommes, il signifie que non seulement par confession extérieure il veut être avoué Dieu, mais aussi en pure vérité et affection de coeur.Le 23e dimanche
Le second commandement.
Des images et adoration d'icelles
143 Le ministre : Dis le second commandement.
L'enfant: « Tu ne te feras image taillée, ni semblante aucune des choses qui sont au ciel là-sus, ou en la terre ci-bas, ou ès eaux qui sont sous la terre. Tu ne les honoreras point. »144 Le ministre : Veut-il du tout défendre de faire aucune image?
L'enfant: Non, mais il défend de faire aucune image, ou pour figurer Dieu, ou pouradorer.
145 Le ministre : Pourquoi est-ce qu'il n'est point licite de représenter Dieu visiblement?
L'enfant: Parce qu'il n'y a nulle convenance entre lui, qui est Esprit éternel,incompréhensible, et une matière corporelle, morte, corruptible et visible
(Deutéronome 4:15 ; Ésaïe 41:7 ; Romains 6:7 ; Actes 17:24, 25).
146 Le ministre : Tu entends donc que c'est faire déshonneur à sa Majesté de la vouloir représenter ainsi.
L'enfant: Voire.Adoration aux images
147 Le ministre : Quelle forme d'adoration est ici condamnée?
L'enfant: C'est de se présenter devant une image pour faire son oraison, de fléchir le genou devant icelle ou faire quelque autre signe de révérence, comme si Dieu se démontrait là à nous.Quelle peinture et défendue
148 Le ministre : Il ne faut pas donc entendre que toute taillure ou peinture soit défendue en général, mais seulement toutes images qui se font pour servir Dieu, ou l'honorer en choses visibles, ou bien pour en abuser à idolâtrie en quelque sorte que ce soit.
L'enfant: II est ainsi.149 Le ministre : A quelle fin réduirons-nous ce commandement?
L'enfant: Comme au premier Dieu a déclaré qu'il était seul, sans autre, qu'on doitadorer, aussi maintenant il nous démontre quelle est la droite forme, afin de
nous retirer de toutes superstitions et façons charnelles.
Le 24e dimanche
150 Le ministre : Passons outre.
L'enfant: Il ajoute une menace : qu'il est « l'Eternel notre Dieu, fort, jaloux, visitant l'iniquité des pères sur les enfants, en la troisième et quatrième génération envers ceux qui le haïssent ».151 Le ministre : Pourquoi fait-il mention de sa force?
L'enfant: Pour dénoter qu'il est puissant à maintenir sa gloire.Paillardise spirituelle
152 Le ministre : Que signifie-t-il par la jalousie?
L'enfant: Qu'il ne peut endurer compagnon. Car, comme il s'est donné à nous par sa bonté infinie, aussi veut-il que nous soyons entièrement siens, et c'est la chasteté de nos âmes consacrées et dédiées à lui. D'autre part, c'est une paillardise spirituelle de nous détourner à quelque superstition.153 Le ministre : Comment se doit-il entendre qu'il punit les péchés des pères sur les enfants?
L'enfant: Pour nous donner plus grande crainte, il dit que non seulement il se vengera de ceux qui l'offensent, mais aussi que leur lignée sera maudite après eux.Comment Dieu punit les enfants à cause des pères
154 Le ministre : Et cela n'est-il pas contraire à la justice de Dieu, de punir les uns pour les autres?
L'enfant: Si nous considérons quelle est la condition de l'humain lignage, cettequestion sera vidée. Car, de nature, nous sommes tous maudits et ne nous pouvons plaindre de Dieu quand il nous laissera comme nous sommes. Or, comme il démontre sa grâce et dilection sur ses serviteurs en bénissant leurs enfants, aussi c'est un témoignage de sa vengeance sur les iniques, quand il laisse leur semence en malédiction.
155 Le ministre : Que dit-il plus?
L'enfant: Afin de nous inciter aussi par douceur, il dit qu'il fait miséricorde en millegénérations à ceux qui l'aiment et gardent ses commandements.
Miséricorde en mille générations
156 Le ministre : Entend-il que l'obéissance du fidèle sauvera toute sa race, encore qu'elle soit méchante?
L'enfant: Non pas, mais qu'il étendra jusque là sa bonté envers ses fidèles, que pour l'amour d'eux il se donnera à connaître à leurs enfants, et non seulement les fera prospérer selon la chair, mais les sanctifiera par son Esprit pour les rendre obéissants à sa volonté.157 Le ministre : Mais cela n'est pas perpétuel.
L'enfant: Non. Car, comme le Seigneur se réserve la liberté de faire miséricorde aux enfants des iniques, aussi d'autre part il retient le pouvoir d'élire ou rejeter en la génération des fidèles ceux que bon lui semble (Romains 9:15-22). Toutefois si fait-il tellement qu'on peut connaître cette promesse n'être pas vaine ni frustratoire (Romains 2:6-10).158 Le ministre : Pourquoi nomme-t-il, ici, mille générations et, en la menace, il n'en nomme que trois ou quatre?
L'enfant: C'est pour signifier que son propre est d'user plutôt de bonté et douceur que de rigueur ni rudesse, comme il témoigne qu'il est enclin à bien faire, tardif à se courroucer (Exode 34:6-7; Psaumes 103:8) (30).Le 25e dimanche
Le troisième commandement
159 Le ministre : Venons au troisième commandement.
L'enfant: « Tu ne prendras le nom du Seigneur ton Dieu en vain. »Des jurements
160 Le ministre : Que veut-il dire?
L'enfant: Il nous défend d'abuser du nom de Dieu, non seulement en par jurements, mais aussi en serments superflus et oisifs.161 Le ministre : En peut-on donc bien user en serments?
L'enfant: Oui, qui sont nécessaires, c'est-à-dire pour maintenir la vérité, quand il en est métier, et pour entretenir charité et concorde entre nous.Honneur du nom de Dieu
162 Le ministre : Ne veut-il sinon corriger les serments qui sont au déshonneur de Dieu?
L'enfant: Par une espèce, il nous instruit en général de ne mettre jamais en avant le nom de Dieu, sinon en crainte et humilité, pour le glorifier. Car, selon qu'il est saint et digne, aussi nous faut-il garder de la prendre en telle sorte qu'il semble que nous l'ayons en mépris, ou que nous donnions occasion de le vilipender.163 Le ministre : Comment cela se fera-t-il?
L'enfant: Quand nous ne penserons, ne parlerons de Dieu, ni de ses oeuvres, sinon honorablement et en sa louange.164 Le ministre : Que s'ensuit-il?
L'enfant: Une menace : qu'il ne tiendra pour innocent celui qui prendra son nom en vain.165 Le ministre : Vu qu'il dénonce ailleurs généralement qu'il punira tous transgresseurs, qu'est-ce qu'il y a ici davantage?
L'enfant: Par cela il a voulu déclarer combien il a en singulière recommandation la gloire de son nom, disant nommément qu'il ne souffrira pas qu'on le méprise, afin que nous soyons tant plus soigneux de l'avoir en révérence.Le 26e dimanche
Le quatrième commandement
166 Le ministre : Venons au quatrième.
L'enfant: « Qu'il te souvienne du jour du repos pour le sanctifier. Six jours tu travailleras et feras toute ton oeuvre; le septième c'est le repos du Seigneur ton Dieu. Tu ne feras en icelui oeuvre aucune, ni toi, ni ton serviteur, ni ta chambrière, ni ton boeuf, ni ton âne, ni l'étranger qui est dedans tes portes. Car en six jours Dieu a fait le ciel et la terre et tout ce qui y est compris ; le septième il s'est reposé; pourtant a béni le jour du repos et l'a sanctifié. »167 Le ministre : Commande-t-il de travailler six jours la semaine, pour se reposer le septième?
L'enfant: Non pas simplement. Mais en donnant congé de travailler six jours durant, il réserve le septième, auquel il n'est loisible de besogner.168 Le ministre : Nous défend-il donc toute besogne un jour la semaine?
L'enfant: Ce commandement a quelque considération particulière, car l'observation du repos est une partie des cérémonies de la loi ancienne. Par quoi à la venue de Jésus-Christ elle a été abolie.169 Le ministre : Dis-tu que ce commandement appartient proprement aux Juifs et a été donné pour le temps de l'Ancien Testament?
L'enfant: Voire, en tant qu'il est cérémoniel.Trois raisons pourquoi le repos a été institué
170 Le ministre : Comment donc? Y a-t-il quelque chose outre la cérémonie?
L'enfant: Il a été fait pour trois raisons.171 Le ministre : Quelles sont-elles?
L'enfant: Pour figurer le repos spirituel, pour la police ecclésiastique, et pour lesoulagement des serviteurs.
La signification spirituelle du repos extérieur
172 Le ministre : Qu'est-ce que ce repos spirituel?
L'enfant: C'est de cesser de nos propres oeuvres, afin que le Seigneur oeuvre en nous.173 Le ministre : Comment cela se fait-il?
L'enfant: En mortifiant notre chair, c'est-à-dire renonçant à notre nature, afin que Dieu nous gouverne par son Esprit.174 Le ministre : Cela se doit-il faire seulement un jour la semaine?
L'enfant: Il se doit faire continuellement. Car depuis que nous avons commencé, il nous faut poursuivre toute notre vie.175 Le ministre : Pourquoi donc y a-t-il jour certain assigné pour figurer cela?
L'enfant: II n'est pas requis que la figure soit du tout pareille à la vérité, mais suffitqu'il y ait quelque semblance.
Nombre de sept
176 Le ministre : Pourquoi le septième jour est-il ordonné plutôt qu'un autre?
L'enfant: Le nombre de sept signifie perfection en l'Ecriture ; ainsi il est propre pourdénoter la perpétuité. Aussi il nous admoneste que notre repos spirituel n'est sinon commencé durant cette vie présente et ne sera point parfait jusqu'à ce que nous sortions de ce monde.
Le 27e dimanche
177 Le ministre : Mais que veut dire la raison qu'allègue ici notre Seigneur, qu'il nous faut reposer comme il a fait?
L'enfant: Après avoir créé toutes ses oeuvres en six jours, il a dédié le septième à la considération d'icelles. Et pour nous mieux induire à ce faire, il nous allègue son exemple. Car il n'y a rien tant désirable que d'être conformes à lui.Méditation des oeuvres de Dieu doit être continuelle
178 Le ministre : Faut-il toujours méditer les oeuvres de Dieu, ou s'il suffit d'un jour la semaine?
L'enfant: Cela se doit faire chacun jour, mais à cause de notre infirmité, il y en a uncertain spécialement député. Et c'est la police que j'ai dite.
De la police des jours
179 Le ministre : Quel ordre donc doit-on garder en ce jour?
L'enfant: C'est que le peuple s'assemble pour être instruit en la vérité de Dieu, pourfaire les prières communes et rendre témoignage de sa foi et religion.
180 Le ministre : Comment entends-tu que ce commandement est donné aussi pour le soulagement des serviteurs?
L'enfant: Pour donner quelque relâche à ceux qui sont en la puissance d'autrui. Et pareillement cela sert à la police commune, car chacun s'accoutume à travailler le reste du temps quand il y a un jour de repos.181 Le ministre : Maintenant disons comment ce commandement s'adresse à nous.
L'enfant: Touchant la cérémonie, elle est abolie (Colossiens 2:16), car nous avons l'accomplissement en Jésus-Christ.182 Le ministre : Comment?
L'enfant: C'est que notre vieil homme est crucifié par la vertu de sa mort, et que par sa résurrection nous ressuscitons en nouveauté de vie (Romains 6:6).183 Le ministre : Qu'est-ce donc qui nous en reste?
L'enfant: Que nous observions l'ordre constitué en l'Église pour ouïr la Parole duSeigneur, communiquer aux prières publiques et aux sacrements. Et que nous ne contrevenions pas à la police spirituelle qui est entre les fidèles.
184 Le ministre : Et de la figure, ne nous profite-t-elle rien?
L'enfant: Si fait bien. Car il nous la faut réduire à la vérité. C'est qu'étant vrais membres de Christ, nous délaissions nos oeuvres propres pour nous permettre à son gouvernement.Le 28e dimanche
Le cinquième commandement
185 Le ministre : Venons à la seconde table.
L'enfant: « Honore ton père et ta mère. »Que c'est qu'honorer père et mère
186 Le ministre : Qu'entends-tu par honorer?
L'enfant: Que les enfants soient humbles et obéissants à leurs pères et mères, leurportent honneur et révérence, leur assistent et soient à leur commandement, comme ils y sont tenus.
187 Le ministre : Poursuis plus outre.
L'enfant: Dieu ajoute une promesse à ce commandement, disant : « afin que tes jours soient prolongés sur la terre, laquelle le Seigneur ton Dieu te donne ».188 Le ministre : Que veut dire cela?
L'enfant: Que Dieu donnera longue vie à ceux qui rendront au père et à la mèrel'honneur qui leur est dû.
Vie longue
189 Le ministre : Vu que cette vie est tant pleine de misères, comment est-ce que Dieu promet à l'homme, pour une grâce, qu'il le fera vivre longuement?
L'enfant: La vie terrienne, quelque misérable qu'elle soit, est une bénédiction de Dieuà l'homme fidèle, et ne fût-ce sinon d'autant que Dieu lui testifie sa dilection paternelle, l'entretenant en icelle.
190 Le ministre : S'ensuit-il au contraire que l'homme qui meurt tôt soit maudit de Dieu?
L'enfant: Non. Et même, il adviendra quelquefois que le Seigneur retirera plus tôt de ce monde ceux qu'il aimera le plus.Biens terriens avec condition
191 Le ministre : En ce faisant, comment garde-t-il sa promesse?
L'enfant: Tout ce que Dieu nous promet des biens terriens, il nous le faut prendre avec condition, en tant qu'il est expédient pour notre salut spirituel. Car ce serait pauvre chose, si cela n'allait toujours devant.Punition des enfants désobéissants
192 Le ministre : Et de ceux qui seront rebelles à père et à mère?
L'enfant: Non seulement Dieu les punira au jour du jugement, mais il en fera aussi la vengeance sur leurs corps, soit en les faisant mourir devant leurs jours, ou ignominieusement, ou en quelque autre sorte.193 Le ministre : Parle-t-il nommément de la terre de Chanaan en cette promesse?
L'enfant: Oui bien, quant aux enfants d'Israël, mais il nous faut maintenant prendre ce mot plus généralement. Car en quelque pays que nous demeurions, puisque la terre est sienne, il nous y donne notre habitation (Psaumes 24:1 ; 89:12 ; 115:16).194 Le ministre : Est-ce cela tout le commandement?
L'enfant: Combien qu'il ne soit parlé que de père et de mère, toutefois il faut entendre tous supérieurs, puisqu'il y a une même raison.195 Le ministre : Et quelle?
L'enfant: C'est que Dieu leur a ordonné la prééminence. Car il n'y a autorité ni de pères, ni de princes, ni de tous autres supérieurs, sinon comme Dieu l'a ordonné (Romains 13:1).Le 29e dimanche
Le sixième commandement
196 Le ministre : Dis le sixième commandement.
L'enfant: « Tu ne tueras point ».197 Le ministre : Ne défend-il, sinon d'être meurtrier?
L'enfant: Si fait bien. Car puisque c'est Dieu qui parle, non seulement il nous impose loi sur les oeuvres extérieures, mais principalement sur les affections de notre coeur.198 Le ministre : Tu entends donc qu'il y a une espèce de meurtre intérieur que Dieu nous défend ici.
L'enfant: Voire : qui est haine et rancune, et cupidité de mal faire à notre prochain.199 Le ministre : Suffit-il de ne point haïr et ne point porter mauvaise affection?
L'enfant: Non. Car Dieu, en condamnant la haine, signifie qu'il requiert que nousaimions nos prochains et procurions leur salut, et le tout de vraie affection et
sans feintise.
Le septième commandement
200 Le ministre : Dis le septième commandement.
L'enfant: « Tu ne paillarderas point. »Toute paillardise est maudite
201 Le ministre : Quelle est la somme?
L'enfant: Que toute paillardise est maudite de Dieu, et pourtant qu'il nous en faut abstenir si nous ne voulons provoquer son ire contre nous.Nature du législateur
202 Le ministre : Ne requiert-il autre chose?
L'enfant: II nous faut toujours regarder la nature du législateur, lequel ne s'arrête pas seulement à l'oeuvre extérieure, mais demande l'affection du coeur.203 Le ministre : Qu'est-ce que donc qu'il emporte?
L'enfant: Puisque nos corps et nos âmes sont temples du Saint-Esprit (1 Corinthiens 3:16 ; 6:15 ; 2 Corinthiens 6:16), que nous les conservions en toute honnêteté. Et ainsi que nous soyons chastes non seulement de fait, mais aussi de désirs, de paroles et de gestes, tellement qu'il n'y ait nulle partie de nous souillée d'impudicité.Le 30e dimanche
Le huitième commandement
204 Le ministre : Venons au huitième.
L'enfant: « Tu ne déroberas point. »Larcin
205 Le ministre : Veut-il seulement défendre les larcins qu'on punit par justice, ou s'il s'étend plus loin?
L'enfant: Il entend tous mauvais trafics et moyens déraisonnables d'attirer à nous le bien de notre prochain, soit par violence, ou cautèle, ou en quelque autre sorte que Dieu n'ait point approuvée.Larcin intérieur
206 Le ministre : Est-ce assez de s'abstenir du fait, ou si le vouloir y est aussi compris?
L'enfant: Il faut toujours là revenir : d'autant que le Législateur est spirituel, qu'il ne parle pas simplement des larcins extérieurs, mais aussi bien des entreprises, volontés et délibérations de nous enrichir au détriment de notre prochain.207 Le ministre : Que faut-il donc?
L'enfant: Faire notre devoir de conserver à un chacun le sien.Le neuvième commandement
208 Le ministre : Quel est le neuvième?
L'enfant: « Tu ne diras point faux témoignage contre ton prochain. »Doctrine générale du jugement
209 Le ministre : Nous défend-il de nous parjurer en jugement, ou du tout de mentir contre notre prochain?
L'enfant: En nommant une espèce, il baille une doctrine générale, que nous ne médisions pas faussement contre notre prochain et que, par nos détractions et mensonges, nous ne le blessions point en ses biens, ni en sa renommée.210 Le ministre : Pourquoi notamment parte-t-il des parjures publiques?
L'enfant: Pour nous faire avoir en plus grande horreur ce vice de médire et détracter, dénotant que quiconque s'accoutume à faussement calomnier et diffamer son prochain, viendra bien puis après à se parjurer en jugement.211 Le ministre : Ne défend-il sinon de mal parler, ou s'il comprend aussi mal penser?
L'enfant: L'un et l'autre, selon la raison dessus alléguée. Car ce qui est mauvais de faire devant les hommes, est mauvais de vouloir devant Dieu.212 Le ministre : Récite donc qu'il veut dire en somme.
L'enfant: Il nous enseigne de n'être pas enclins à mal juger ni détracter, mais plutôt à bien estimer de nos prochains, tant que la vérité le porte, et conserver leur bonne renommée en nos paroles.Le 31e dimanche
Le dixième commandement
213 Le ministre : Venons au dernier commandement.
L'enfant: « Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain, tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa chambrière, ni son boeuf, ni son âne, ni rien qui lui appartienne. »214 Le ministre : Vu que toute la Loi est spirituelle, comme tu as dit, et que les autres commandements ne sont pas seulement pour régler les oeuvres extérieures, mais aussi les affections du coeur, qu'est-ce qui est ici dit davantage?
L'enfant: Le Seigneur a voulu par les autres commandements ranger nos affections et volontés; ici il veut aussi imposer loi à nos pensées, lesquelles emportent quelque convoitise et désir, et toutefois ne viennent pas jusqu'à un vouloir arrêté.Toute tentation est vice
215 Le ministre : Entends-tu que la moindre tentation qui pourrait venir en pensée à l'homme fidèle soit péché, encore qu'il y résiste et n'y consente nullement?
L'enfant: Il est certain que toutes pensées mauvaises procèdent de l'infirmité de notre chair, encore que le consentement n'y soit pas. Mais je dis que ce commandement parle des concupiscences qui chatouillent et poignent le coeur de l'homme sans venir jusqu'à propos délibéré.216 Le ministre : Tu dis donc que, comme les affections mauvaises qui emportent volonté certaine et comme résolue ont été ci-dessus condamnées, aussi que maintenant le Seigneur requiert une telle intégrité qu'il n'entre en nos coeurs quelque mauvaise cupidité pour les solliciter et émouvoir à mal.
L'enfant: C'est cela.La somme de la Loi
217 Le ministre : Ne pouvons-nous pas maintenant faire un sommaire de toute la Loi?
L'enfant: Si faisons, la réduisant à deux articles, dont le premier est : « Que nous aimions notre Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme et de toutes nos forces. » Item : « notre prochain comme nous-mêmes ».218 Le ministre : Qu'est-ce qu'emporte l'amour de Dieu?
L'enfant: Si nous l'aimons comme Dieu, c'est pour l'avoir et tenir comme Seigneur,Maître, Sauveur et Père, ce qui requiert crainte, honneur, fiance, obéissance
avec l'amour.
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